Incendies de 1968 sur tous les continents dans la même année ! Pourquoi cette concentration étonnante sur une année qui ne peut pas être due au hasard?

En France, on a traité les premiers révoltés « d’enragés » ! La rage est la plus contagieuse des maladies. Les idées circulent, les informations circulent. C’est le début de la « mondialisation ». Mais cette mondialisation de la contestation des modèles dominants, c’est l’horreur pour Sarkozy et ses amis ; d’où sa haine pour Mai 68. Ces ruptures de 68 ne sont pas ses ruptures à lui ! Elles ont eu des conséquences fondamentales sur les décennies suivantes, depuis le domaine des mœurs jusqu’à celui de la politique mondiale avec la dislocation du bloc soviétique, les forums sociaux mondiaux en lutte contre le libéralisme dominant, etc. Incendies de 1968 : causes diverses, mais partout rôle important des étudiants et des luttes contre l’autoritarisme dominant dans la société comme dans la vie politique. C’est valable aussi bien dans le monde communiste que dans le monde capitaliste. En France se rajoute le ras-le-bol de l’étouffoir gaulliste. Ne serait-ce pas, au moins en partie, ce rejet des « autorités politiques, économiques, religieuses » qui explique la haine des Sarkozys?

27 janvier 1968, Alexandre Dubcek lance la « révolution de velours du Printemps de Prague » qui remet en cause le despotisme des partis communistes sur les pays de l’Est et ouvre un rêve démocratique. Mais le 21 août, les chars staliniens viendront casser cette espérance joyeuse. C’est le second ébranlement du modèle soviétique, après les événements de Hongrie, avant le Solidarnosc de Pologne et la chute du mur de Berlin. C’est aussi un ébranlement dans un certain nombre de consciences de militants communistes Français.

L’ennemi du monde communiste, le paradis du capitalisme connaît lui aussi de vrais ébranlements. Les universités californiennes connaissent un bouillonnement intense, sur les idées d’Herbert Marcuse, contre une société où tout est fonction de la rentabilité, de la finalité économique ; où règne un véritable terrorisme contre tout ce qui n’est pas conforme à « l’American way of life ». La jeunesse des Etats Unis impose dans de grands rassemblements l’émergence d’une contre culture, celle du mouvement Hippie, en même temps que la révolte contre la « barbarie technologique » de l’armée US au Vietnam : bombardements au napalm, massacre des femmes et des enfants du village de Song My, etc. Le 4 avril, le pasteur Martin Luther King, le symbole de la lutte des noirs pour l’égalité des droits est abattu ; le 5 juin c’est, en plus, Robert Kennedy, le frère de Bob, qui est assassiné en pleine campagne présidentielle !



Le 2 octobre1968, plusieurs centaines d’étudiants sont tués sur la place des Trois-Cultures. Il ne faut pas que soient troublés les Jeux Olympiques de Mexico. De nombreuses affiches en sérigraphie de l’école Mai 68 exprimeront la solidarité du mouvement français. La violence contestataire s’exprime aussi dans la célèbre attitude de 2 athlètes noirs états-uniens occupant la première et la troisième place du podium olympique du 100m qui, tête baissée, levaient un poing ganté de noir, au moment de la montée de la bannière étoilée, pour protester contre la ségrégation raciale

C’est en Allemagne que le mouvement étudiant a commencé un peu avant 68 avec le SDS (union socialiste allemande des étudiants) connu longtemps grâce à Rudi Dutschke, Rudi le rouge, blessé par balle en 68.Les luttes du SDS visent une université sclérosée, la presse, la guerre du Vietnam, la complicité de l’Allemagne avec les Etats Unis. Il a donné le ton, le style pour l’Europe. Mais ces luttes y déboucheront plus tard sur le terrorisme de la bande à Baader.

La situation italienne était fort différente, avec un parti communiste ayant pris ses distances avec l’URSS et un parti socialiste, le PSU, moins discrédité que la SFIO française ; donc le Mai italien ne connut pas les mêmes ruptures que le Mai français . Mais plus tard il déboucha comme en Allemagne sur le terrorisme des Brigades Rouges.

A suivre, pour ne pas faire trop long, en complément, le texte sur 1968 en Amérique latine, en Afrique, en Chine et au Japon